Chers collègues,
Dans notre centre de détention, certains silences en disent long.
Notre Brigadier-Chef Encadrement du BGD, seul au poste depuis maintenant plusieurs mois, en est un parfait exemple. Respecté pour son ancienneté, son professionnalisme et sa discrétion, il incarne à lui seul la charge titanesque qu’on lui a laissée sur les épaules — non pas par choix, mais par le résultat d’un oubli que personne ne semble pressé de corriger.
Tel ATLAS, figure de la mythologie grecque, condamné à soutenir le ciel pour l’éternité, notre collègue porte désormais le poids d’un pôle entier — un service essentiel qui ne devrait jamais dépendre d’un seul agent.
À une époque, ils géraient (au pluriel), les saisies, les procédures disciplinaires, les remontées aux parquets et aux bâtonniers, les Visiophonies (judiciaires et parloirs) les débats contradictoires, les TAP, les remontées au greffe, direction et DI … liste non exhaustive et évolutive en fonction des incidents. De plus, tel de véritable couteau suisse, le BGD encadre aussi l’agent des écoutes téléphoniques, la téléphonie durant son absence…
Aujourd’hui, il n’en reste qu’un, et pendant que certains font la pluie et le beau temps, dans notre établissement d’autres rament pour que tout tienne encore debout.
Le Bureau Local UFAP UNSa Justice demande donc officiellement l’ouverture d’un appel d’offres pour un agent VISIO, puisqu’avec une monté en charge à 600 pèlerins, cela devient un véritable poste à temps plein.
Et comme dans la légende, l’arrivée d’un agent VISIO serait l’équivalent d’Héraclès venant aider ATLAS à porter la lourde charge… ou, dans notre cas, celle du travail du BGD.
Notre organisation syndicale tient à clarifier une chose essentielle : il s’agit simplement de remettre l’effectif à sa composition normale, afin que chacun puisse travailler correctement et que le Bureau de la Gestion de la Détention fonctionne de manière humaine et efficace, en attendant le retour de notre collègue, à qui nous adressons une pensée particulière et bienveillante, avec tout le respect et la considération qu’elle mérite. Nous ne souhaitons donc en aucun cas le “putsch” de la collègue actuellement à ce poste.
Et puisque, au-dessus de la direction locale, ce sont désormais d’autres instances qui décident, nos Zeus et Héra de l’Olympe administratif, entre deux éclairs et quelques gorgées d’ambroisie, pourraient peut-être tourner leur regard divin vers le pôle BGD.
Leurs directives strictes et inspirées sur la réorganisation du service gagneraient sans doute en crédibilité s’ils trouvaient enfin une solution pérenne pour soulager le gradé du BGD.
Après tout, s’ils peuvent, d’un simple clic sur un tableau Excel RH ou d’un PowerPoint bien aligné, réorganiser des services entiers, déléguer un renfort ne devrait pas relever de l’exploit herculéen.
Et puisque l’on entend trop souvent que Villenauxe-la-Grande déborde désormais de personnel, grâce à des ressources supplémentaires dont nous sommes reconnaissants; avec l’espoir qu’elles soient utilisées à bon escient dans TOUS les services, sans oublier ceux qui restent silencieux.
Rétablir aujourd’hui les règles et les équilibres initiaux permettrait à chacun de retrouver un peu d’air et de souffle dans son travail.
Qu’on se le dise :
“Et si, par lassitude, le ciel qu’Atlas porte venait à s’effondrer…”
Et nul ne pourrait dire qu’il n’avait pas été prévenu.